TEXTE D’INTRODUCTION AU CATALOGUE PENDANT QU’IL FAIT ENCORE JOUR
Par Rudy Ricciotti, Grand Prix National d’Architecture, avril 2014
Emmanuel Régent est un grand maigre. Finaliste du prix Canson ça a de la gueule ! Au minimum cela fait réactionnaire et là est déjà un talent. Au delà, on pourrait imaginer ce grand maigre : tailleur de pierre, soudeur, menuisier, ferronnier à la forge ou encore inquisiteur hilare et anxieux sous l’effet de l’absinthe.
Des petits traits noirs, des petits points, des petites tâches jusqu’à l’obsession pour infiltrer le réel et le peler à l’os jusqu’à l’âme.
L’artiste n’est ni désabusé, ni ironique, ni cynique, il est dans la croyance. Sur cette seule distinction, je suis incliné à l’admirer. Mais « défends le » dit Gérard Traquandi, homme à femmes qui sait bien ce que transformer le réel veut dire. Le Général De Gaulle disait « Vaut mieux une mauvaise idée que pas d’idée du tout ». Là est le cœur de la question artistique. Refuser la dictature de l’idée pour n’en retenir que la sexualité métaphysique, si l’on peut dire. Une affaire d’autonomie consécutive à l’impérialisme niais de l’épopée minimale et conceptuelle. L’ombre des idées sera toujours politique.
L’artiste n’est jamais autonome, Emmanuel Régent prétend le contraire. Il a tort, Régent est responsable et coupable ! Là est le territoire du talent. Le sien est puissant. Ses ruines font mal, très mal. Elles culpabilisent, ses paysages aussi. Son grand format 300 x 400 « Le grand chemin de mes rondes / Mes plans sur la comète » exposé au Palais de Tokyo est fascinant. Résiste Emmanuel, résiste ! Tel Barbey D’Aurevilly, le maniérisme militant est notre seul destin. Ton travail émeut, c’est beaucoup !